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22 janvier 2000 6 22 /01 /janvier /2000 17:40
Les zones humides




Les zones humides : définition

Une zone humide est une zone tampon entre la terre et l'eau. Il s'agit d'une zone de transition dont la spécificité réside dans sa capacité à accumuler l'eau excédentaire, soit en surface, soit dans le sol, voire les deux. Attention une zone humide n'est pas une nappe phréatique, mais une nappe phréatique peut être à l'origine d'une zone humide.

La conséquence de cette présence permanente ou temporaire d'eau, est le développement d'une flore et d'une faune spécifiques, mais très fragiles. Les zones humides en France métropolitaine ne couvrent plus que trois millions d'hectares et leur surface ne cesse de diminuer.

La loi sur l'eau a donné une définition des zones humides qui me plait bien. La voici : "On entend par zone humide les terrains exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d'eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l'année".

On peut classer les zones humides selon divers critères. Si l'on tient compte de la nature de leur eau, on peut distinguer les zones humides d'eau douce, d'eau saumâtre et d'eau salée. En fonction de leur situation, on aura des zones humides littorales ou continentales. Il est possible aussi de les différencier par le type de végétation qui les compose : tourbières, prés salés, marécages… Bien d'autres distinctions peuvent être utilisées.

La classification que j'ai rencontrée le plus souvent est celle-ci :

·  les zones humides intérieures : rives des cours d'eau, lacs et d'étangs, ripisylves (forêts en bordure de rivière), bras morts des cours d'eau (couasne dans le Sud-Ouest), prairies humides, roselières, marécages, tourbières...
·  les zones humides littorales : mangroves (en Guyane et en Guadeloupe), estuaires, deltas (notamment le delta du Rhône), vasières maritimes (ou slikkes), marais saumâtres, prés-salés (ou schorres),
·  les zones humides artificielles : marais salants, lagunages, bassins de pisciculture, rizières, gravières, lacs de barrages, réservoirs...


Rôle des zones humides

En tout premier lieu, une zone humide constitue une zone d'expansion naturelle de l'eau, mais c'est bien plus que ça. Les zones humides jouent un rôle important de filtrage de l'eau, d'une part en favorisant le dépôt naturel des sédiments et d'autre part la présence de bactéries constitue un filtre biologique non négligeable en détruisant par exemple une partie des nitrates contenus dans l'eau.

Les zones humides jouent également un rôle de régulateur hydraulique en retenant l'eau lors des fortes pluies (évitant ainsi le ruissellement), ou l'eau en excès dans les nappes phréatiques et en les restituant progressivement lorsque le niveau de celles-ci baisse.

Au-delà de leur rôle économique (agriculture, élevage…), de nombreuses zones humides constituent un attrait touristique indéniable, ce qui n'est pas sans danger pour leur maintien et leur équilibre.

Mais pour moi, les zones humides sont avant tout le siège d'une biodiversité extraordinairement riche, mais tellement fragile. De très nombreuses espèces (oiseaux, batraciens, insectes,...) y trouvent le gîte et le couvert. En effet ces zones permettent à de nombreux animaux de se reproduire, de s'alimenter, de se reposer, de se cacher...

Affirmer que les zones humides sont très importantes pour la biodiversité n'est pas exagéré car le tiers des espèces remarquables et menacées y vit et près de la moitié des espèces d'oiseaux dépend de ces milieux.


La convention de Ramsar

Ces zones remarquables n'ont pas toujours eu la cote. En effet, jusqu'au début des années 1990 elles ont été, la plupart du temps, considérées comme des zones insalubres, des zones à moustiques qui n'avaient aucune utilité. Ces zones ont donc été largement drainées et asséchées, réduisant ainsi leur surface des deux tiers par rapport au siècle dernier.

Au début des années 70, un début de prise de conscience de l'utilité de préserver ces zones a vu le jour et le 27 février 1971, 18 pays ont signé une convention à Ramsar en Iran, intitulée "Convention relative aux zones humides d'importance internationale particulièrement comme habitats de la sauvagine". La convention de Ramsar était née. Cette convention est entrée en vigueur le 21 décembre 1975. La France n'a ratifié la convention qu'en 1986, suivie de peu par les USA. A ce jour le nombre de pays signataires se monte à 153, le dernier signataire étant Sao Tomé-et-Principe.

Dans son article premier, la convention de Ramsar définit les zones humides comme ceci : "...les zones humides sont des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d'eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l'eau est statique ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d'eau marine dont la profondeur à marée basse n'excède pas six mètres."

Voici un extrait aménagé des principaux articles de la convention de Ramsar :

Chaque partie contractante doit favoriser la conservation des zones humides et de la sauvagine en créant des réserves naturelles dans les zones humides, que celles-ci soient ou non inscrites sur la Liste, et doit pourvoir de façon adéquate à leur gardiennage."

Chaque partie contractante doit désigner les zones humides appropriées de son territoire à inclure dans la Liste des zones humides d'importance internationale. Les limites de chaque zone humide doivent être décrites de façon précise et reportées sur une carte. Elles peuvent inclure des zones de rives ou de côtes adjacentes à la zone humide et des îles ou des étendues d'eau marine d'une profondeur supérieure à six mètres à marée basse, entourées par la zone humide, particulièrement lorsque ces zones, îles ou étendues d'eau ont de l'importance en tant qu'habitat des oiseaux d'eau.

Le choix des zones humides à inscrire sur la Liste doit être fondé sur leur importance internationale au point de vue écologique, botanique, zoologique, limnologique ou hydrologique. Devraient être inscrites, en premier lieu, les zones humides ayant une importance internationale pour les oiseaux d'eau en toutes saisons.

Chaque Partie contractante désigne au moins une zone humide à inscrire sur la Liste au moment de signer la Convention de la ratifier ou ratification d'y adhérer.

Par la suite, il est possible d'ajouter à la Liste d'autres zones humides situées sur son territoire, d'étendre celles qui sont déjà inscrites, ou, pour des raisons pressantes d'intérêt national, de retirer de la Liste ou de réduire l'étendue des zones humides déjà inscrites.

Chaque partie contractante favorise la conservation des zones humides et des oiseaux d'eau en créant des réserves naturelles dans les zones humides, que celles-ci soient ou non inscrites sur la Liste, et pourvoit de façon adéquate à leur surveillance. Lorsqu'une Partie contractante, pour des raisons pressantes d'intérêt national, retire une zone humide inscrite sur la Liste ou en réduit l'étendue, elle doit compenser autant que possible toute perte de ressources en zones humides et, en particulier, elle devrait créer de nouvelles réserves naturelles pour les oiseaux d'eau et pour la protection, dans la même région ou ailleurs, d'une partie convenable de leur habitat antérieur.

Voici pour la France, la liste des 23 sites (au 09/02/2006) Ramsar totalisant une surface de 828,585 hectares et leur date de mise sous protection (source actu-environnement.com) : Camargue (1986), Etang de Biguglia (1991), Rives du Lac Léman (1991), Etangs de la petite Woëvre (1991), Etangs de la Champagne Humide (1991), Marais du Cotentin et du Bessin, (1991), Golfe du Morbihan (1991), Brenne (1991), Grand cul de sac marin (1994), Basse Mana (1994), Marais de Kaw (1994), Baie du Mont Saint-Michel (1994), Marais de la Grande Brière (1995), Lac de Grand Lieu (1995), Basses vallées angevines (1995), Marais salants de Guérande et du Mès (1995), Petite Camargue fluviolacustre (1996), Baie de Somme (1998), Lac du Bourget (2003), Fier d’Ars Marais littoraux (2003), Lindre et forêt du Romersberg(2003), Vallée du Drugeon (2003) Etangs de la Narbonnaise Herbiers lagunaires (2006).

Au point de vue international il est à noter que le Royaume uni a inscrit 165 sites à la liste (à comparer au maigre chiffre de la France), le Botswana n'en a inscrit qu'un seul, le delta de l' Okavango mais à lui tout seul il représente 6,864,000 hectares. C'est le Canada qui a mis sous protection la plus grande surface totale : 13,066,571 hectares.


En conclusion

Si la prise de conscience de l'intérêt faunique et floristique des zones humides est une bonne chose, si la convention de Ramsar contribue à préserver les sites inscrits à la liste, qu'en est-il des autres zones humides, celles qui continuent à être drainées et asséchées ? Certes, il y a d'autres façons de protéger les zones humides hors Ramsar et la France a mis en place diverses structures, pour notamment en acquérir certaines ou aider les propriétaires de zones humides, mais cela sera-t-il suffisant ? Tous les pays, y compris le nôtre, font-ils les efforts nécessaires ?

Que nous réserve le réchauffement climatique ? N'y a-t-il pas un risque majeur d'assèchement de certaines zones ? Cette prise de conscience bien tardive de l'importance des zones humides pour la biodiversité sera-t-elle suffisante ? Ce sont des questions aujourd'hui sans réponse. Il ne reste plus qu'à patienter et à espérer que l'être humain soit enfin devenu responsable...

Pour vous documenter, vous pouvez consulter le site : ramsar.org


Kriss de Niort, le 22/01/2007

 

 

 

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commentaires

S
Article très très intéressant. En Loire Atlantique, il y a 3 des 23 ZH répertoriées dans la liste RAMSAR..., mais c'est aussi un département où l'on continue de drainer des terres agricoles...
S
Cet article est très très intéressant. je ne fais que commencer à lire ton blog et je crois que je vais me régaler et me cultiver.<br /> En Loire Atlantique, on a la chance d'avoir 3 des 23 ZH répertoriées : Le lac de Grand Lieu, les marais salants de Guérande et du Mès et les marais de la Grande Brière.<br /> Mais c'est aussi un département où le drainage continue chaque année d'assainir les sols agricoles et malheureusement d'assécher quelque ZH non répertoriées même si la charte locale du drainage exige que ces parcelles soient exclues de tout drainage...<br /> Je suis allée voir ce qui se passe du de Cabourg : c'est à peine croyable ! Y'a du boulot pour faire avancer les consciences !
K
C'en est même désespérant...
N
Voilà un exemple ‘de non-respect’ de l’environnement par les élus eux même.<br /> Arrachage de haies en ZNIEFF et en zone humide.<br /> Rebouchage de fossés en ZNIEFF et en zone humide.<br /> Remblais de deux herbages en ZNIEFF et en zone humide.<br /> Pollution prévisible et ensuite réelle en ZNIEFF et en zone humide.<br /> Destruction de plantes protégées niveau national en ZNIEFF et en zone humide.<br /> Regardez cette page <br /> http://perso.orange.fr/varaville.cabourg/<br /> La Diren ne fait rien, le préfet se gratte la tête, et les élus attendent tranquillement.<br /> Ces photos sont réelles et cette histoire se déroule actuellement à Cabourg Varaville<br /> M Nativelle P<br /> 14390 Cabourg<br /> 0231911867 12h30 <br />
K
Si vous me faites un article, avec une ou 2 photos, je veux bien le publier :)