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25 avril 2000 2 25 /04 /avril /2000 18:52
LA BANANE


Pour les Grecs et les Arabes, c’était “un arbre fruitier remarquable”. Les armées d’Alexandre le Grand l’ont découvert en Inde en 327 avant notre ère. Selon une histoire ancienne, les sages de ce pays se reposaient à l’ombre de son feuillage et en mangeaient le fruit, que l’on baptisa donc “le fruit des sages” ( pas des singes). De quoi s’agit-il ?.......... Du bananier.


L’HISTOIRE

Comment le bananier a-t-il gagné les Antilles? Des marchands arabes venus d’Asie en apportèrent des racines sur la côte est de l’Afrique. En 1482, les explorateurs portugais y ont découvert la plante et l’ont introduite (de même que son nom africain “ banana “) dans leurs colonies des îles Canaries. Puis elle a traversé l’Atlantique jusqu’au Nouveau Monde en 1516, quelques années seulement après les voyages de Christophe Colomb. Les missionnaires espagnols ont introduit le bananier dans les Antilles et dans les pays bordant la mer des Antilles. Cette plante remarquable a donc traversé la moitié de la terre avant d’arriver en Amérique latine. C’est, dit-on, en 1690 que la banane antillaise est arrivé en Nouvelle-Angleterre. Les puritains ont fait bouillir ce fruit étrange, mais ils n’ont pas aimé le goût. N’empêche qu’aujourd’hui en Amérique latine et dans d’autres pays tropicaux, des millions de personnes se régalent de bananes vertes bouillies. C’est quand même spécial croyez-moi.


LES PLANTATIONS

Entre 1870 et 1880, des marchands européens et nord-américains se sont intéressés à l’idée d’exporter des bananes. Ils ont fondé des compagnies et ont créé des plantations, les fincas. Des ouvriers et des ingénieurs ont du défricher des pans de jungle, construire des routes, poser des voies ferrées et établir des réseaux de communication. Pour les ouvriers des fincas et leurs familles, ils ont construit des villages avec école et hôpital. Ils ont ouvert également des lignes maritimes pour acheminer la marchandise par vapeurs dans le monde entier. Au fur et à mesure que l’industrie bananière se développait, les compagnies achetaient d’autres terres dans les pays producteurs. Et oui c’est le début du commerce international.


COMMENT POUSSENT LES BANANES ?

Le bananier n’est pas un arbre ! Là je sens que je vous en bouche un coin. Pourquoi alors ? Il n’a pas de fibres ligneuses. C’est en fait une plante herbacée géante qui ressemble à un palmier. UNE HERBE ! ET OUI ! Sa croissance et sa taille dépendent du climat et du sol. Il aime la chaleur et l’humidité, les sols bien drainés et la bonne terre sablonneuse et riche en terreau. Pour une croissance optimale, la température ne doit à aucun moment descendre au-dessous de 20 °C. Pour récolter des bananes, il faut planter, à 30 centimètres de profondeur et à intervalles de 5 mètres, des rejets, ou drageons, que l’on détache de la tige souterraine de plantes adultes. Trois à quatre semaines plus tard, les premières pousses vertes apparaissent; les feuilles ont l’aspect de rouleaux serrés qui se déroulent en se développant. Le bananier pousse très vite, d’environ 3 centimètres par jour. Au bout de dix mois, il est adulte. Il mesure alors 3 à 6 mètres de haut et ressemble à un palmier. Un gros bourgeon portant de petites feuilles cramoisies pousse du milieu de la gaine formée par les feuilles. Puis des grappes de petites fleurs apparaissent. Un bananier ne donne qu’un régime de bananes, qui pèse de 30 à 50 kilos et porte entre 9 et 16 grappes de bananes. Chaque grappe, ou main, produit 10 à 20 bananes, ou doigts. La banane pousse d’abord vers le bas, puis à l’horizontale, et enfin vers le haut, ce qui lui donne sa courbure caractéristique. Quels soins lui prodigue-t-on pendant la croissance ? Au moment voulu, un ouvrier ôte le bourgeon, afin que les fruits reçoivent toute l’énergie de la plante. Puis il enferme ceux-ci dans une enveloppe en polyéthylène pour les protéger des insectes. Étant donné que les bananes poussent vers le haut et deviennent très lourdes, on attache le bananier à la base de plantes voisines pour qu’il ne s’écroule pas sous la force du vent ou sous le poids des fruits. Enfin, un ruban de couleur est fixé à l’enveloppe pour indiquer la date à laquelle les bananes seront bonnes à récolter. Vous n’avez jamais vu de bananeraie ? C’est incroyable ! Tous les jours, des avions survolent la plantation pour pulvériser du produit sur les feuilles ! Ce traitement les protège contre trois grandes maladies: la maladie de Panama, due à un champignon (on remplace les plantes tuées par des variétés résistantes); la maladie de Mako, de nature bactérienne, que l’on combat en supprimant les bananiers malades et toute fleur qui attire les insectes vecteurs; enfin, la maladie de Sigatoka, qui détruit les feuilles mais n’abîme pas les fruits si la plante est traitée assez tôt. Je ne veux pas vous dégoûter de la banane mais ces traitements sont un fait ! Évidemment ça n’apparaît pas sur les étiquettes de votre magasin préféré ! La banane ayant besoin de beaucoup d’eau, on recourt à l’irrigation et à divers systèmes d’arrosage sous pression. Signalons également que l’herbe, bonne ou mauvaise, n’est pas tolérée dans la plantation.


DE LA PLANTATION A VOTRE TABLE

Lorsque la couleur du ruban indique que les bananes sont bonnes à récolter, les ouvriers les mesurent pour s’assurer qu’elles ont bien la taille voulue. Ils ne laissent jamais des bananes mûrir sur pied, même pour la consommation locale ; elles perdraient leur saveur. Ils déterminent le moment de la récolte en fonction de la destination de la cargaison et du type de transport utilisé. À l’aide d’une machette, un ouvrier détache les régimes, et ils sont acheminés vers la station d’emballage. Mais qu’advient-il du bananier? On le coupe pour qu’il serve d’engrais aux plantes qui pousseront à sa place. A la station d’emballage, les bananes sont lavées. Tout fruit abîmé est mis de côté pour être consommé localement par les ouvriers et leur famille. Les bananes de petites tailles, elles, seront utilisées comme agent de sapidité ou serviront d’ingrédient dans les aliments pour bébé. Les plus beaux fruits sont mis en cartons de 18 kilos et envoyés à l’étranger par wagons et bateaux frigorifiques. Sur le quai, on vérifie la qualité des fruits, et on prend leur température. Une fois récoltés, ils doivent rester verts jusqu’à leur arrivée sur le marché. La banane étant périssable, elle doit être vendue dans les 10 à 20 jours qui suivent sa cueillette. Pour l’empêcher de mûrir, on la conserve à une température de 12-13 °C. Les moyens de transports modernes permettent d’expédier sans difficulté des bananes d’Amérique latine dans des endroits aussi éloignés que le Canada et l’Europe.


VALEUR PRATIQUE ET NUTRITIONNELLE

Il existe une centaine de variétés de bananes, sinon plus. Musa cavendishii est la plus courante. C’est la variété que l’on retrouve dans nos coupes de fruits. Les feuilles de bananier, qui contiennent des fibres, sont utilisées de diverses manières sous les tropiques : sur les marchés, on voit souvent des paquets de feuilles à vendre (elles serviront à envelopper les tamales chauds, un mets très prisé dans un certain nombre de pays). Quels bienfaits la banane procure-t-elle sur le plan nutritionnel ? Elle est riche en vitamines A et C, en hydrates de carbone, en phosphore et en potassium. La banane est vraiment l’aliment universel. Pour ma part, je les apprécie en en-cas, avec mes céréales et surtout dans mes salades de fruits, mes tartes et mes gâteaux. N’oubliez pas non plus le fameux banana split. Mais la prochaine fois que vous mangerez une banane mûre, pensez aussi à ses caractéristiques remarquables: c’est un fruit riche en vitamines et en minéraux, qui dispose de son propre emballage... et qui a probablement traversé la moitié de la terre pour arriver sur votre table.


Aimable contribution de Yannig

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